Se souvenir

Publié le par Mademoiselle Miaou








Ce matin, en passant devant Henri IV (le lycée, pas la statue !), j'ai entendu une jeune fille crier "Alice ! ".  La demoiselle en question devait être en hypokhâgne puisqu'elle avait un livre de Braudel dans les mains.  Je me suis souvenu de la mienne, d'Alice. Je suppose qu'elle aurait choisi l'hypokhâgne, aussi. Elle aurait -enfin- changé la couleur de ses cheveux et ne commencerait plus chacune de ses phrases par "Oui, donc...".
Je me souviens de son parfum, de sa bouche, de son sourire, de ses yeux. J'ai encore sa voix dans ma tête, parfois. J'ai pensé à elle en entrant pour la première fois à Louis le Grand.


Le cours d'histoire de ce matin a presque réussi à m'intéresser. Il s'intéressait à la notion de mémoire, de souvenir en histoire. Coincidence? Je commence à accepter de ne rien savoir dans cette matière. Au début, j'étais atrocement vexée. Blessure d'orgueil, blessure idiote.


Fin du cours d'histoire, mes khâmarades internes (les chanceuses !) sont épuisées. J'ai honte, mais ça me rassure. Je ne suis plus seule avec ma fatigue, nous sommes -au moins- neuf. Elles vont se recoucher. Je vais à la bibliothèque, et rêve d'aller -moi aussi- dormir. J'étais morte de froid à Sainte Geneviève, du coup, je suis rentrée au foyer afin de m'enfouir sous mes couvertures.


Je reprends peu à peu des contacts normaux et distants avec N. Je lui pardonne, peu à peu, je crois. Mais je me souviens. Pardonner tout en se souvenant, est-ce possible? N'est-ce pas contradictoire dans certaines situations? Je fais moins attention à ce qu'elle dit. Je ne prends plus tout ce qu'elle affirme pour la sainte vérité. Je fais mes choix sans -trop- être influencée par elle.


Il y a deux semaines, je pensais ma relation avec V. terminée. Enfin, non. Il y a -environ- deux semaines j'avais accepté que ma relation avec V. était terminée. Ma relation amoureuse (en était-ce encore une?), précisément. J'accepte toujours. Je me souviens de ce que nous étions, mais je n'ai plus mal. Effet prépa?
Nous avons fait l'amour, la semaine dernière, je ne regrette pas. J'ai beau ne plus en être amoureuse, j'ai toujours une tendresse folle pour elle. Mais, fait-on l'amour en éprouvant-juste- de la tendresse? Je pense que non. Sinon, pourquoi ne sautons-nous pas sur notre meilleur(e) ami(e) ?
V. ne veut pas de mes "je ne sais pas comment je t'aime, mais je t'aime", c'est dommage. Dommage car sur le plan logique, je trouve que ça se tient et que ça n'engage à rien.
En effet, soit nous assumons de coucher ensemble (et non de faire l'amour) et dans ce cas là, seule la question du désir se pose. Pas d'amour, simplement la nécessité de connaître un peu (beaucoup?) de plaisir. Cette possibilité est bien pratique, je l'avoue. Cependant, je ne pense que ce soit ce qui s'est passé.
Seconde hypothèse, effectivement on je fais l'amour avec elle parce que je l'aime un peu comme j'ai aimé N., mélange d'admiration, de confiance, de folie; et qu'en plus je la désire.
Oui, mais non, puisque je ne dois pas dire ni penser que j'aime de quelque façon que ce soit.
Troisième hypothèse, c'est simplement une question d'hormones sécrétées, et dans ce cas, je passe mon tour pour les explications !
Je n'ai pas eu de pincement au coeur en voyant les photos d'une autre sur son frigo (en faveur de l'hypothèse n°1), je m'inquiète pour elle et j'écoute beaucoup (trop?) ses opinions (en faveur de l'hypothèse n°2) et enfin, la semaine dernière en sentant son odeur, j'ai eu envie d'elle (hypothèse n°3).
Ou alors, j'ai fait l'amour avec elle pour me souvenir de ce que nous étions avant?
J'aime bien me souvenir...

Je me doute bien que cet épisode fut plus important pour moi que pour elle Je pense même qu'elle a "craqué" parce que la période est difficile pour elle. Je crois que le fait qu'elle considère "ça" comme dérisoire, anecdotique ne me fait ni chaud ni froid. J'avais besoin de faire l'amour, et y penser m'aide à m'endormir. Tant pis pour  le reste.

Je me souviens. Je suis sereine.

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