(A)venir
J'ai mes billets de train. J'ai réservé une nuit d'hôtel pour la veille du concours.Je suis inscrite.
C'est dans un mois. Je suis morte de peur.
J'en parle à la fois peu et beaucoup de ce concours. Beaucoup aux hypokhâgneuses. Maladroitement à Miss Monge. Pas du tout à N. ou à V.
Je n'ose pas toujours dire combien la perspective - même assez peu probable- d'un exil à Aix-en-Provence, me terrifie. L'exil à Grenoble m'angoisse tout autant, mais le concours n'est pas "tout bientôt". Mes parents me soutiennent, mais personne n'est à ma place.
Le fait que la date du concours approche me fait réaliser que c'est peut-être -sans doute- une folie. Quitter ma vie à Paris et vivre à 857 kilomètres exactement de mes parents, cela me fait peur. Miss Monge me dit de partir et qu'elle ne me retiendra pas. Je trouve toujours ça rigolo (mais je ris jaune), le côté, "oh, c'est chouette, tente !" de la part de gens qui, eux, ne le feraient sûrement pas. Je ne veux pas qu'on me retienne mais j'aimerais qu'on comprenne que c'est forcément un petit peu douloureux d'envisager de partir. Juste envisager, parce que nous ne leurrons pas, je ne l'ai pas encore ce concours. Alors oui, même si je suis impatiente et que j'espère réussir, j'ai tout de même peur.
Le concours est le 20 mars. D'ici là, j'ai le temps de pleurer des centaines de fois. De vomir tout autant. De m'angoisser, d'être heureuse, d'être amoureuse, de ne plus l'être, de rire, d'espérer, de désespérer, de réviser, de réviser et de réviser.
Le concours en lui-même m'inquiète aussi. Au programme : une épreuve de "culture générale", sous forme de dissertation, un test de langue (espagnol pour moi) et une épreuve de spécialité sous forme de dissertation. J'ai choisi la spécialité "Littérature du XIX et XXème siècle". J'ai peur de (me) décevoir. Inutile de dire que j'ai fait un mail à mon prof de français de 1ère pour avoir des conseils de "lecture" et appelé G. (prof de philo et de théâtre) pour avoir son avis à propos de l'épreuve de culture G. Je ne demanderai rien à N. Je me tâte pour V. J'ai tendance à vouloir faire tout, toute seule, aussi.
Quand, j'ai commencé à annoncer pour "Science Po-en-province-de-préférence-dans-le-sud", j'ai eu droit à des tas de réactions différentes. De la plus vexante à la plus douce.
Finalement, c'est Laura qui aura trouvé les bons mots (comme souvent...) pour faire taire mon inquiétude -au moins temporairement. Extrait :
Laura : j'adore ^^ Je sens que je vais devoir t'ordonner de dormir même en pleines vacances :D mais tu t'en fous, t'es surpuissante: t'as une carte 12-25, plus rien ne peut te résister
Tendresse, compréhension et simplicité, c'est ce que je voudrais je crois. C'est ce dont j'essaye de m'entourer, au moins.